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Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome V.djvu/193

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SUR LA LISIÈRE D’UN BOIS.

LÉO.

Ton nom est Rhée, Aglaure, Hébé, Pallas…

LE SATYRE.

Ton nom est Rhée, Aglaure, Hébé, Pallas… Goton.

LÉO.

Comme en avril la rose éclôt dans les ravines,
Toutes les vérités célestes et divines
Fleurissent dans nos cœurs, sitôt que nous aimons.
Le haut des cœurs est blanc comme le haut des monts ;
L’amour est ici-bas la grande cime humaine.
Chaque pas fait vers Dieu vers la femme nous mène.
Rien de mauvais peut-il nous venir d’elle ? Non.
La femme, sous la forme auguste de Junon,
Dans cette vérité qu’on appelle la fable,
Verse au zénith un flot de lueur ineffable ;
Le ciel est étoilé par ses seins immortels.
Oh ! dans le voisinage innocent des autels,
Le feu charnel s’épure, et l’on devient deux anges.
Sous les cloîtres croulants, pleins de clartés étranges,
L’ombre aime avoir un couple errer, tendre et charmant.
Les amours ont toujours hanté pieusement
Les colonnes du temple.

LE SATYRE.

Les colonnes du temple. Et les piliers des halles.

LÉA.

Amour !

LÉO.

Amour ! Sublimité des choses idéales !

LÉA.

Oh ! que de profondeurs splendides nous voyons !

LÉO.

La vie autour de nous se disperse en rayons.