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THÉÂTRE EN LIBERTÉ.


VII

GABOARDO, en guenilles.

Puisque sur l’almanach le mois de mai rayonne,
Puisque Pâques sourit aux jambons de Bayonne,
Puisque, dans ce doux mois, sortant coiffé de l’eau,
Pareil au grand Louis éblouissant Boileau,
Le beau Phébus joufflu met sa perruque blonde ;
Puisque la nymphe nue apparaissant sous l’onde
Allume l’œil lascif des fauves ægipans ;
Puisque les grimpereaux, ces petits sacripants,
S’en vont passer la nuit chez les bergeronnettes ;
Puisque les savants même et les porte-lunettes,
Ajustant leur besicle à leur nez indiscret,
Pour découvrir un peu quelque antique secret,
Troussent effrontément la jupe de Cybèle ;
Puisque le papillon dit à la fleur : ma belle ;
Puisque c’est la saison où tout renaît au jour,
Où les sources, les prés et les bois font l’amour,
Où l’âme croit flotter dans une aube azurée,
Où le pâle Adonis s’éprit de Cythérée,
Je ne vois pas pourquoi, n’en déplaise à Platon,
Je ne deviendrais point amoureux de Goton.