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Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome V.djvu/237

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LES GUEUX.

Vous n’avez pas un seul de tous ces droits superbes.
La loi nous rogne à tous les ongles ; nul ne peut
Se faire bête brute et vivre comme il veut.
Les bois sont à quelqu’un. Les branches odorantes
Sont des fagots qu’on taille, et dont on fait des rentes.
Le procureur du roi, calme comme Solon,
Veut que, même en fureur, on ait un pantalon.
Les gendarmes ornés de chapeaux à trois cornes
Ont droit de visiter les lieux profonds et mornes,
Les monts, les ravins, l’onde où l’on n’a jamais bu,
Et les grands joncs où vit l’homme libre et barbu.
Nous sommes des gredins, des fourbes, des ilotes.
Tout ce qu’il vous plaira, mais gardez vos culottes !

Ils discutent. Pamfilo culbute l’une après l’autre
toutes les idées de Fiasque.
PAMFILO.

Vous êtes un nigaud qui vous croyez sournois.
Mon cher, vous sembleriez très farce à des chinois,
Et vous paraîtriez gothique à des étrusques.

FIASQUE.

De mes positions, docteur, tu me débusques.
Tes arguments, soufflant comme des aquilons,
Dissipent tous mes plans.

Il rêve.

Dissipent tous mes plans. Que faire alors ?

PAMFILO.

Dissipent tous mes plans. Que faire alors ? Volons.

FIASQUE.

C’est une idée au fait. Le philosophe flâne ;
Le larron guette et prend. Le philosophe est l’âne.
Voler les gens, braver avec profit les lois ;
C’est une autre façon de se servir des bois.
C’est la bonne. C’est dit. Mêlons notre génie
Sous la raison Bondy, Sénard et compagnie.
Soit. Associons-nous.

Ils sortent.