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THÉÂTRE EN LIBERTÉ.

Et donne une subite éloquence aux muets.
On obtient : je vous aime, au lieu de : je vous hais,
Pour un écu. Devant l’écu doré sur tranche,
Une cruche salue, une cruche se penche
Et verse mollement tout ce qu’elle contient.
Vous êtes dans la nuit ; un noir souci vous tient ;
Vous allez à tâtons au hasard sur la route ;
Duc, voulez-vous voir clair où vous ne voyez goutte ?
Faites luire à mes yeux, acceptant mon conseil,
Un écu, je vous fais resplendir le soleil !
Je sais tout, je dis tout, vous saurez tout !

LE DUC, fouillant dans sa poche et lui donnant un écu.

Tiens, drôle !

GOULATROMBA, prenant l’écu.

Un seul ?

LE DUC.

Un seul ? En voilà deux.

GOULATROMBA.

Un seul ? En voilà deux. Rien que deux ?

LE DUC.

Un seul ? En voilà deux. Rien que deux ? Çà, l’épaule
Te démange. Tu veux des coups ?

GOULATROMBA.

Te démange. Tu veux des coups ? Non.

LE DUC.

Te démange. Tu veux des coups ? Non. Voyons, dis.
En voici trois. Es-tu content ?

GOULATROMBA.

En voici trois. Es-tu content ? J’en voudrais dix.
Je serais plus content.

LE DUC.

Je serais plus content. Dix écus, misérable !