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THÉÂTRE EN LIBERTÉ.

Des ravins sont étroits.

Il s’adresse à un des paysans qui viennent d’entrer avec Prêtre-Pierre.

Des ravins sont étroits. Tu le suivais. Réponds.
Tu dois avoir vu. Dis, qu’est-il arrivé ?

LE PAYSAN.

Tu dois avoir vu. Dis, qu’est-il arrivé ? Maître,
J’ai tout vu. Mais parler, c’est dangereux peut-être.

ALBOS.

Le danger, ce serait de te taire. Je veux
Prendre et traîner ce mont hagard par les cheveux,
Si quelqu’un me résiste ici ! Parle !

LE PAYSAN.

Si quelqu’un me résiste ici ! Parle ! Ô grand frère,
Entre deux peurs qu’on a, la tienne est la première.
Eh bien, voici. Le duc notre seigneur… — Voilà.

ALBOS.

Mais parle donc !

LE PAYSAN.

Mais parle donc ! L’aïeul marchait comme cela.
Il ne regardait pas. Il traversait la place.
L’église est d’un côté, le donjon est en face.
Lui, par oubli, n’a pas salué le drapeau.
Le duc venait derrière. Il a vu le chapeau
De Prêtre-Pierre, et dit : Châtiez-moi cet homme !
Alors les lansquenets qu’il amène de Rome
Et de Vienne ont fait mettre à genoux ton aïeul.
Un homme qui marchait vêtu d’un grand linceul,
Après le duc, on dit que c’est le bourreau, frère,
Cet homme a déchiré la robe à Prêtre-Pierre,
Puis a pris une verge… et le sang a coulé.

ALBOS.

Ô profondeurs des cieux, vous n’avez pas croulé !