Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome VI.djvu/254

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232 MILLE FRANCS DE RECOMPENSE.

ROUSSELINE.

Mes affaires ont pris une extension considérable particulièrement depuis le retour des Bourbons dont le pouvoir tutélaire a raffermi l’ordre et relevé les autels.

GLAPIEU, à part.

Ça a déjà servi, ça. Ça a servi sous l’empereur. C’est égal, ça va tout de même pour le roi.

ROUSSELINE, continuant.

La France a retrouvé le chemin de l’honneur et les sources de la félicité publique en suivant le panache blanc. GLAPIEU, k part.

Encore une métaphore qui fait le trottoir depuis longtemps. ROUSSELINE.

Nous devons tous notre prospérité au trône légitime qui nous délivre de l’usurpateur et qui unit la gloire à la bonté sur la double base de la religion et des mœurs, désormais abritées au port sous l’empire de la loi. GLAPIEU, à part.

Dire une phrase comme ça me gênerait aux entournures. Tout de même, la phrase est belle.

ROUSSELINE.

Oui, grâce à nos rois, ma fortune est faite, et avec cela, madame, je suis célibataire. Mon maniement d’opérations est considérable. Tel de mes clients, le baron de Puencarral, par exemple, le grand banquier d’Espagne à Paris, possède à lui seul plus de quinze millions. ÉTIENNETTE.

Le baron de Puencarral, vous dites ? Mais alors vous pouvez beaucoup pour nous. C’est précisément en son nom qu’on poursuit mon père. Vous savez, les femmes n’entendent rien aux affaires, un nom de banquier, ça ne leur dit rien, mais je crois bien que c’est un nom dans ce genre-là... Tournant la tête.

Ah ! mon Dieu ! il me semble que mon père se plaint. Elle va k l’alcôve, écarte les rideaux et regarde l’homme endormi. Rousselinc s’approche de Cyprienne assise et cousant.