Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome VI.djvu/270

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248 MILLE FRANCS DE RÉCOMPENSE.

ÉTIENNETTE.

En mariage !

ROUSSELINE.

En légitime mariage, madame.

GLAPIEU, à part.

Tiens, tiens, tiens. Changement de décor. Il a fait quelque découverte. Il a lu dans ces papiers-là.

Il étend la main derrière Rousseline, sans être vu de Rousseline ni d’Etiennette, saisit la lettre que Rousseline vient d’examiner, et la met dans sa poche. Cyprienne vient de sortir de l’alcôve. Elle est au fond de la chambre, et écoute.

ROUSSELINE, avec dignité.

Madame, je me nomme Rousseline de BicoUière, je suis éligible, membre de la fabrique de Notre-Dame de Nazareth et l’un des principaux agents d’affaires de Paris. Mon cabinet ne rapporte pas moins de quarante mille francs par an. Je sollicite de vous, madame, et de monsieur votre père, la main de mademoiselle Cyprienne, votre fille. ÉTIENNETTE, stupéfaite.

C’est en effet un mariage qui s’offre. J’avais donc mal compris. Je suis comme étourdie. Tous ces coups répétés ! Je ne puis plus mettre deux idées ensemble. Il y a quelque chose qui m’échappe. Les paroles dites n’avaient évidemment pas le sens que j’ai cru entrevoir. Il a dit : j’aime votre fille, c’est tout simple, puisqu’il veut l’épouser. Il me semble bien qu’il nous a mis le marché à la main, c’est un tort, mais s’il est amoureux. L’amour excuse. Pourquoi pas ce mariage .^^ cela arrangerait tout. Mon père serait sauvé.

Rousseline épie le visage d’Etiennette. Glapieu guette. — A Cyprienne debout près de l’alcôve.

Approche, ma fille, il s’agit de toi. Cyprienne fait un pas. Rousseline la salue profondément. ROUSSELINE.

Mademoiselle, j’ai déposé une supplique aux pieds de madame votre mère. Je vous demande respectueusement à vous-même le bonheur de ma vie et l’honneur d’être votre mari.