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Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome VI.djvu/351

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ACTE III, SCÈNE V. 329

GLAPIEU.

Je n’ai besoin de rien, monsieur le baron. LE BARON DE PUENCARRAL.

Vous pouvez, si vous voulez, envoyer quelqu’un d’ici prévenir chez vous que vous ne rentrerez pas ce soir.

Il sort, précédé de l’huissier. Glapieu reste sciil. SCENE V.

GLAPIEU, seul.

n croise les bras et regarde fixement le coffre-fort. A nous deux !

Sa tête tombe sur sa poitrine.

Envoyer prévenir chez moi que je ne rentrerai pas. Chez moi. Sous la première arche du pont d’Iéna. Le propriétaire est le vent, la portière est la nuit. C’est la chambre qui n’a pas de murs, où l’on peut se mettre à la fenêtre qui n’a pas de carreaux, pour voir passer les poissons, et les joueurs allant à Saint-Cloud. A vau-l’eau. C’est tout le jeu. Commencement et fin. Il s’approche de la cheminée et aperçoit le poker. Il le saisit vivement. Voici qui sera excellent. On trouve toujours tout ce qu’il faut chez ces gens riches.

Il l’examine.

La pointe est en biseau. C’est à la fois un coin et un levier. Cela a l’air fait exprès.

Il regarde par la fenêtre du fond.

Suis-je seul ? Non. Tant qu’il y aura dans l’hôtel des fenêtres éclairées, je ne serai pas seul. Mais cela ne va pas tarder. Il revient et pose le poker sur le bureau. Rêvant et riant. Je m’étais dit : on a toujours besoin d’un honnête homme chez un banquier. Quelqu’un de sûr, quelqu’un qui trouve à terre quatre mille francs et qui les rapporte, c’est si rare ! un toutou de probité, quoi ! J’arriverai en innocent, les mains pleines. Je refuserai la récompense. Ce serait bien le diantre si je ne parvenais pas à me caser dans la chose. N’importe comment.