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AVANT L’EXIL. — CHAMBRE DES PAIRS.

plique, à la vérité, d’un élément politique et d’un élément géologique, elle exige de certaines études spéciales ; cependant elle est, comme les deux autres, un sérieux intérêt public.

Chaque fois que cette question du littoral, du littoral de la France en particulier, se présente à l’esprit, voici ce qu’elle offre de grave et d’inquiétant : la dégradation de nos dunes et de nos falaises, la ruine des populations riveraines, l’encombrement de nos ports, l’ensablement des embouchures de nos fleuves, la création des barres et des traverses, qui rendent la navigation si difficile, la fréquence des sinistres, la diminution de la marine militaire et de la marine marchande ; enfin, messieurs, notre côte de France, nue et désarmée, en présence de la côte d’Angleterre, armée, gardée et formidable ! (Émotion.)

Vous le voyez, messieurs, vous le sentez, et ce mouvement de la chambre me le prouve, cette question a de la grandeur, elle est digne d’occuper au plus haut point cette noble assemblée.

Ce n’est pas cependant à la dernière heure d’une session, à la dernière heure d’une législature, qu’un pareil sujet peut être abordé dans tous ses détails, examiné dans toute son étendue. On n’explore pas au dernier moment un si vaste horizon, qui nous apparaît tout à coup. Je me bornerai à un coup d’œil. Je me bornerai à quelques considérations générales pour fixer l’attention de la chambre, l’attention de M. le ministre des travaux publics, l’attention du pays, s’il est possible. Notre but, aujourd’hui, mon but à moi, le voici en deux mots ; je l’ai dit en commençant : voter une petite loi, et en ébaucher une grande.

Messieurs les pairs, il ne faut pas se dissimuler que l’état du littoral de la France est en général alarmant ; le littoral de la France est entamé sur un très grand nombre de points, menacé sur presque tous. Je pourrais citer des faits nombreux, je me bornerai à un seul ; un fait sur lequel j’ai commencé à appeler vos regards à l’une des précédentes séances ; un fait d’une gravité considérable, et qui fera comprendre par un seul exemple de quelle nature sont les phénomènes qui menacent de ruiner une partie de nos ports et de déformer la configuration des côtes de France.