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III

RÉUNION DES AUTEURS DRAMATIQUES

Je suis profondément touché des sympathies qui m’environnent. Des voix aimées, des confrères célèbres m’ont glorifié bien au delà du peu que je vaux. Permettez-moi de les remercier de cette cordiale éloquence à laquelle je dois les applaudissements qui ont accueilli mon nom ; permettez-moi, en même temps, de m’abstenir de tout ce qui pourrait ressembler à une sollicitation de suffrages. Puisque la nation est en train de chercher son idéal, voici quel serait le mien en fait d’élections. Je voudrais les élections libres et pures ; libres, en ce qui touche les électeurs ; pures, en ce qui touche les candidats.

Personnellement, je ne me présente pas. Mes raisons, vous les connaissez, je les ai publiées ; elles sont toutes puisées dans mon respect pour la liberté électorale. Je dis aux électeurs : Choisissez qui vous voudrez et comme vous voudrez ; quant à moi, j’attends, et j’applaudirai au résultat quel qu’il soit. Je serai fier d’être choisi, satisfait d’être oublié. (Approbation.)

Ce n’est pas que je n’aie aussi, moi, mes ambitions. J’ai une ambition pour mon pays, — c’est qu’il soit puissant, heureux, riche, prospère, glorieux, sous cette simple formule : Liberté, égalité, fraternité ; c’est qu’il soit le plus grand dans la paix, comme il a été le plus grand dans la guerre. (Bravo ! bravo !) Et puis, j’ai une ambition pour moi, — c’est de rester écrivain libre et simple citoyen.

Maintenant, s’il arrive que mon pays, connaissant ma