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AVANT L’EXIL. — RÉUNIONS ÉLECTORALES.

pensée et ma conscience qui sont publiques depuis vingt-cinq ans, m’appelle, dans sa confiance, à l’assemblée nationale et m’assigne un poste où il faudra veiller et peut-être combattre, j’accepterai son vote comme un ordre et j’irai où il m’enverra. Je suis à la disposition de mes concitoyens. Je suis candidat à l’assemblée nationale comme tout soldat est candidat au champ de bataille. (Acclamations.)

Le mandat de représentant du peuple sera à la fois un honneur et un danger ; il suffit que ce soit un honneur pour que je ne le sollicite pas, il suffit que ce soit un danger pour que je ne le refuse pas. (Longues acclamations.)

Vous m’avez compris. Maintenant je vais vous parler de vous.

Il y a, en ce moment, en France, à Paris, deux classes d’ouvriers qui, toutes deux, ont droit à être représentées dans l’assemblée nationale. L’une… à Dieu ne plaise que je parle autrement qu’avec la plus cordiale effusion de ces braves ouvriers qui ont fait de si grandes choses et qui en feront de plus grandes encore. Je ne suis pas de ceux qui les flattent, mais je suis de ceux qui les aiment. Ils sauront compléter la haute idée qu’ils ont donnée au monde de leur bon sens et de leur vertu. Ils ont montré le courage pendant le combat, ils montreront la patience après la victoire. Cette classe d’ouvriers, dis-je, a fait de grandes choses, elle sera noblement et largement représentée à l’assemblée constituante, et, pour ma part, je réserve aux ouvriers de Paris dix places sur mon bulletin.

Mais je veux, je veux pour l’honneur de la France, que l’autre classe d’ouvriers, les ouvriers de l’intelligence, soit aussi noblement et largement représentée. Le jour où l’on pourrait dire : Les écrivains, les poëtes, les artistes, les hommes de la pensée, sont absents de la représentation nationale, ce serait une sombre et fatale éclipse, et l’on verrait diminuer la lumière de la France ! (Bravo !)

Il faut que tous les ouvriers aient leurs représentants à l’assemblée nationale, ceux qui font la richesse du pays et ceux qui font sa grandeur ; ceux qui remuent les pavés et ceux qui remuent les esprits ! (Acclamations.)

Certes, c’est quelque chose que d’avoir construit les