journaux, aux incarcérations d’écrivains. Messieurs, prenez garde ! vous faites respirer à la république le même air qu’à la monarchie. Souvenez-vous que la monarchie en est morte. (Mouvement.)
Messieurs, je ne dirai plus qu’un mot… (Interruption.)
L’assemblée me rendra cette justice que des interruptions systématiques ne m’ont pas empêché de protester jusqu’au bout en faveur de la liberté de la presse.
Messieurs, des temps inconnus s’approchent ; préparons-nous à les recevoir avec toutes les ressources réunies de l’état, du peuple, de l’intelligence, de la civilisation française, et de la bonne conscience des gouvernants. Toutes les libertés sont des forces ; ne nous laissons pas plus dépouiller de nos libertés que nous ne nous laisserions dépouiller de nos armes la veille du combat.
Prenons garde aux exemples que nous donnons ! Les exemples que nous donnons sont inévitablement, plus tard, nos ennemis ou nos auxiliaires ; au jour du danger, ils se lèvent et ils combattent pour nous ou contre nous.
Quant à moi, si le secret de mes votes valait la peine d’être expliqué, je vous dirais : J’ai voté l’autre jour contre la peine de mort ; je vote aujourd’hui pour la liberté.
Pourquoi ? C’est que je ne veux pas revoir 93 ! c’est qu’en 93 il y avait l’échafaud, et il n’y avait pas la liberté.
J’ai toujours été, sous tous les régimes, pour la liberté, contre la compression. Pourquoi ? C’est que la liberté réglée par la loi produit l’ordre, et que la compression produit l’explosion. Voilà pourquoi je ne veux pas de la compression et je veux de la liberté. (Mouvement. Longue agitation).