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LA RÉVISION DE LA CONSTITUTION.

correctes et normales que j’indiquais tout à l’heure, j’aurais compris qu’on dît cela, et qu’on ajoutât ;

La constitution de la république française doit être la charte même du progrès humain au dix-neuvième siècle, le testament immortel de la civilisation, la bible politique des peuples. Elle doit approcher aussi près que possible de la vérité sociale absolue. Il faut réviser la constitution.

Oui, cela, je l’aurais compris.

Mais qu’en plein dix-neuvième siècle, mais qu’en face des nations civilisées, mais qu’en présence de cet immense regard du genre humain, qui est fixé de toutes parts sur la France, parce que la France porte le flambeau, on vienne dire : Ce flambeau que la France porte et qui éclaire le monde, nous allons l’éteindre !… (Dénégations à droite.)

Qu’on vienne dire : Le premier peuple du monde a fait trois révolutions comme les dieux d’Homère faisaient trois pas. Ces trois révolutions qui n’en font qu’une, ce n’est pas une révolution locale, c’est la révolution humaine ; ce n’est pas le cri égoïste d’un peuple, c’est la revendication de la sainte équité universelle, c’est la liquidation des griefs généraux de l’humanité depuis que l’histoire existe (Vive approbation à gauche. — Rires à droite) ; c’est, après les siècles de l’esclavage, du servage, de la théocratie, de la féodalité, de l’inquisition, du despotisme sous tous les noms, du supplice humain sous toutes les formes, la proclamation auguste des droits de l’homme ! (Acclamation.)

Après de longues épreuves, cette révolution a enfanté en France la république ; en d’autres termes, le peuple français, en pleine possession de lui-même et dans le majestueux exercice de sa toute-puissance, a fait passer de la région des abstractions dans la région des faits, a constitué et institué, et définitivement et absolument établi la forme de gouvernement la plus logique et la plus parfaite, la république, qui est pour le peuple une sorte de droit naturel comme la liberté pour l’homme. (Murmures à droite. — Approbation à gauche.) Le peuple français a taillé dans un granit indestructible et posé au milieu même du vieux continent monarchique la première assise de cet immense édifice de l’avenir, qui s’appellera un jour