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LES PROCÈS DE L’ÉVÉNEMENT.

dit. Devant les jurys qui ont décidé de leur sort, et que couvre l’inviolable respect dû à la chose jugée, ils se sont défendus sans concessions et ils ont accepté les condamnations sans amertume. Ils ont prouvé que les hommes de douceur sont en même temps des hommes d’énergie.

Voilà deux mille ans bientôt que cette vérité éclate, et nous ne sommes rien, nous autres, auprès des confesseurs augustes qui l’ont manifestée pour la première fois au genre humain. Les premiers chrétiens souffraient pour leur foi, et la fondaient en souffrant pour elle, et ne fléchissaient pas. Quand le supplice de l’un avait fini, un autre était prêt pour recommencer. Il y a quelque chose de plus héroïque qu’un héros, c’est un martyr.

Grâce à Dieu, grâce à l’évangile, grâce à la France, le martyre de nos jours n’a pas ces proportions terribles, ce n’est guère que de la petite persécution ou de la grande taquinerie ; mais, tel qu’il est, il impose toujours des souffrances et il veut toujours du courage. Courage donc ! marchez. Vous qui êtes resté debout, en avant ! Quand vos compagnons seront libres, ils viendront vous rejoindre. L’Événement n’est plus, l’Avénement du peuple le remplacera dans les sympathies démocratiques. C’est un autre journal, mais c’est la même pensée.

Je vous le dis à vous, et je le dis à tous ceux qui acceptent, comme vous, vaillamment, la sainte lutte du progrès. Allez, nobles esprits que vous êtes tous ! ayez foi ! Vous êtes forts. Vous avez pour vous le temps, l’avenir, l’heure qui passe et l’heure qui vient, la nécessité, l’évidence, la raison d’ici-bas, la justice de là-haut. On vous, persécutera, c’est possible. Après ?

Que pourriez-vous craindre et comment pourriez-vous douter ? Toutes les réalités sont avec vous.

On vient à bout d’un homme, de deux hommes, d’un million d’hommes ; on ne vient pas à bout d’une vérité. Les anciens parlements — j’espère que nous ne verrons jamais rien de pareil dans ce temps-ci — ont quelquefois essayé de supprimer la vérité par arrêt ; le greffier n’avait pas achevé de signer la sentence, que la vérité reparaissait debout et rayonnante au-dessus du tribunal. Ceci est de l’histoire. Ce qui est subsiste. On ne peut rien contre