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AVANT L’EXIL. — ASSEMBLÉE LÉGISLATIVE

l’électeur à la glèbe ! (Bravos à gauche. — Murmures à droite.)

Je continue.

Elle entreprend, elle accomplit, comme la chose la plus simple du monde, cette énormité, de faire supprimer par le mandataire le titre du mandant. (Mouvement.) Quoi encore ? Elle chasse de la cité légale des classes entières de citoyens, elle proscrit en masse de certaines professions libérales, les artistes dramatiques, par exemple, que l’exercice de leur art contraint à changer de résidence à peu près tous les ans.

À droite. — Les comédiens dehors ! Eh bien ! tant mieux.

M. Victor Hugo. — Je constate, et le Moniteur constatera que, lorsque j’ai déploré l’exclusion d’une classe de citoyens digne entre toutes d’estime et d’intérêt, de ce côté on a ri et on a dit : Tant mieux !

À droite. — Oui ! oui !

M. Th. Bac. — C’est l’excommunication qui revient. Vos pères jetaient les comédiens hors de l’église, vous faites mieux, vous les jetez hors de la société. (Très bien ! à gauche.)

À droite. — Oui ! oui !

M. Victor Hugo. — Passons. Je continue l’examen de votre loi. Elle assimile, elle identifie l’homme condamné pour délit commun et l’écrivain frappé pour délit de presse. (À droite : Elle fait bien !) Elle les confond dans la même indignité et dans la même exclusion. (À droite : Elle a raison !) De telle sorte que si Voltaire vivait, comme le présent système, qui cache sous un masque d’austérité transparente son intolérance religieuse et son intolérance politique (mouvement), ferait certainement condamner Voltaire pour offense à la morale publique et religieuse…. (À droite : Oui ! oui ! et l’on ferait très bien !… — M. Thiers et M. de Montalembert s’agitent sur leur banc.)

M. Th. Bac. — Et Béranger ! il serait indigne !

Autres voix. — Et M. Michel Chevalier !

M. Victor Hugo. — Je n’ai voulu citer aucun vivant. J’ai pris un des plus grands et des plus illustres noms qui soient parmi les peuples, un nom qui est une gloire de la