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AVANT L’EXIL. — ASSEMBLÉE LÉGISLATIVE

Si mes honorables adversaires entendent faire allusion par là aux vers royalistes, inspirés du reste par le sentiment le plus candide et le plus pur, que j’ai faits dans mon adolescence, dans mon enfance même, quelques-uns avant l’âge de quinze ans, ce n’est qu’une puérilité, et je n’y réponds pas. (Mouvement.) Mais si c’est aux opinions de l’homme qu’ils s’adressent, et non à celles de l’enfant (Très bien ! à gauche. — Rires à droite), voici ma réponse (Écoutez ! écoutez !) :

Je vous livre à tous, à tous mes adversaires, soit dans cette assemblée, soit hors de cette assemblée, je vous livre, depuis l’année 1827, époque où j’ai eu âge d’homme, je vous livre tout ce que j’ai écrit, vers ou prose ; je vous livre tout ce que j’ai dit à toutes les tribunes, non seulement à l’assemblée législative, mais à l’assemblée constituante, mais aux réunions électorales, mais à la tribune de l’institut, mais à la tribune de la chambre des pairs. (Mouvement.)

Je vous livre, depuis cette époque, tout ce que j’ai écrit partout où j’ai écrit, tout ce que j’ai dit partout où j’ai parlé, je vous livre tout, sans rien retenir, sans rien réserver, et je vous porte à tous, du haut de cette tribune, le défi de trouver dans tout cela, dans ces vingt-trois années de l’âme, de la vie et de la conscience d’un homme, toutes grandes ouvertes devant vous, une page, une ligne, un mot, qui, sur quelque question de principes que ce soit, me mette en contradiction avec ce que je dis et avec ce que je suis aujourd’hui ! (Bravo ! bravo ! — Mouvement prolongé.)

Explorez, fouillez, cherchez, je vous ouvre tout, je vous livre tout ; imprimez mes anciennes opinions en regard de mes nouvelles, je vous en défie. (Nouveau mouvement.)

Si ce défi n’est pas relevé, si vous reculez devant ce défi, je le dis et je le déclare une fois pour toutes, je ne répondrai plus à cette nature d’attaques que par un profond dédain, et je les livrerai à la conscience publique, qui est mon juge et le vôtre ! (Acclamations à gauche.)

M. de Montalembert a dit, — en vérité j’éprouve quelque pudeur à répéter de telles paroles, — il a dit que j’avais flatté toutes les causes et que je les avais toutes reniées.