Page:Hugo - Actes et paroles - volume 3.djvu/233

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lune répandait sur ces formes une pâleur surnaturelle, et le vent froid et humide qui balayait les collines agitait les branches d’arbres au-dessus de ces faces retournées, si bien que l’ombre leur donnait une apparence horrible de vitalité ; et il semblait que les morts riaient et allaient parler. Ce n’était pas seulement une place qui semblait ainsi animée, c’était tout le champ de bataille.

« Le long de la colline, de petits groupes avec des brancards cherchaient ceux qui vivaient encore ; d’autres avec des lanternes retournaient les morts pour découvrir les officiers qu’on savait tués, mais qu’on n’avait pas retrouvés. Là aussi il y avait des femmes anglaises dont les maris ou les parents n’étaient pas revenus ; elles couraient partout avec des cris lamentables, tournant avidement le visage de nos morts vers la clarté de la lune, désespérées, et bien plus à plaindre que ceux qui étaient gisants. »

(Morning Herald du vendredi 24 novembre 1854.)




« … On entendait le choc des verres et le bruit des bouteilles brisées. Çà et là, dans l’ombre, une bougie de cire jaune ou une lanterne à la main, des femmes rôdaient parmi les cadavres, regardant l’une après l’autre ces faces pâles et cherchant celle-ci son fils, celle-là son mari. »

(Napoléon le Petit, p. 196.)