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PENDANT L’EXIL. — 1867.

l’état de siège, le Roi s’amuse. Il ne s’est même pas donné la peine d’expliquer en quoi Triboulet mettait Marie Alacoque en danger. Cela lui a paru évident, et cela lui a suffi ; cela doit nous suffire aussi.

On se souvient qu’il y a deux ans un autre fonctionnaire, sous-préfet celui-là, a fait effacer le Revenant de l’affiche d’un théâtre de province, en déclarant que, pour dire sur un théâtre quoi que ce soit qui fût de Victor Hugo, il fallait une permission spéciale du ministre de l’intérieur, renouvelable tous les soirs.

Revenons à 1867.

La reprise de Hernani, faite en 1867, eut lieu le 20 juin, au moment même où Victor Hugo intercédait pour Maximilien.

Les jeunes poëtes contemporains dont on va lire les noms adressèrent à Victor Hugo la lettre que voici :

« Cher et illustre maître,

« Nous venons de saluer des applaudissements les plus enthousiastes la réapparition au théâtre de votre Hernani.

« Le nouveau triomphe du plus grand poëte français a été une joie immense pour toute la jeune poésie ; la soirée du Vingt Juin fera époque dans notre existence.

« Il y avait cependant une tristesse dans cette fête. Votre absence était pénible à vos compagnons de gloire de 1830, qui ne pouvaient presser la main du maître et de l’ami ; mais elle était plus douloureuse encore pour les jeunes, à qui il n’avait jamais été donné de toucher cette main qui a écrit la Légende des siècles.

« Ils tiennent du moins, cher et illustre maître, à vous envoyer l’hommage de leur respectueux attachement et de leur admiration sans bornes.

« Sully-Prudhomme, Armand Silvestre, Francis Coppée, Georges Lafenestre, Léon Valade, Léon Dierx, Jean Aicard, Paul Verlaine, Albert Méhat, André Theuriet, Armand Renaud, Louis-Xavier de Ricard, H. Cazalis, Ernest D’Hervilly. »

Victor Hugo répondit :

Bruxelles, 22 juillet 1867.
Chers poëtes,

La révolution littéraire de 1830, corollaire et conséquence de la révolution de 1789, est un fait propre à notre siècle. Je suis l’humble soldat de ce progrès. Je combats pour la