Aller au contenu

Page:Hugo - Actes et paroles - volume 4.djvu/123

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
115
HERNANI.

révolution sous toutes ses formes, sous la forme littéraire comme sous la forme sociale. J’ai la liberté pour principe, le progrès pour loi, l’idéal pour type.

Je ne suis rien, mais la révolution est tout. La poésie du dix-neuvième siècle est fondée. 1830 avait raison, et 1867 le démontre. Vos jeunes renommées sont des preuves à l’appui.

Notre époque a une logique profonde, inaperçue des esprits superficiels, et contre laquelle nulle réaction n’est possible. Le grand art fait partie de ce grand siècle. Il en est l’âme.

Grâce à vous, jeunes et beaux talents, nobles esprits, la lumière se fera de plus en plus. Nous, les vieux, nous avons eu le combat ; vous, les jeunes, vous aurez le triomphe.

L’esprit du dix-neuvième siècle combine la recherche démocratique du Vrai avec la loi éternelle du Beau. L’irrésistible courant de notre époque dirige tout vers ce but souverain, la Liberté dans les intelligences, l’Idéal dans l’art. En laissant de côté tout ce qui m’est personnel, dès aujourd’hui, on peut l’affirmer et on vient de le voir, l’alliance est faite entre tous les écrivains, entre tous les talents, entre toutes les consciences, pour réaliser ce résultat magnifique. La généreuse jeunesse, dont vous êtes, veut, avec un imposant enthousiasme, la révolution tout entière, dans la poésie comme dans l’état. La littérature doit être à la fois démocratique et idéale ; démocratique pour la civilisation, idéale pour l’âme.

Le Drame, c’est le Peuple. La Poésie, c’est l’Homme. Là est la tendance de 1830, continuée par vous, comprise par toute la grande critique de nos jours. Aucun effort réactionnaire, j’y insiste, ne saurait prévaloir contre ces évidences. La haute critique est d’accord avec la haute poésie.

Dans la mesure du peu que je suis, je remercie et je félicite cette critique supérieure qui parle avec tant d’autorité dans la presse politique et dans la presse littéraire, qui a un sens si profond de la philosophie de l’art, et qui acclame unanimement 1830 comme 1789.

Recevez aussi, vous, mes jeunes confrères, mon remercîment.