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MENTANA.

Ô toi qui fus si grand, debout ! car il est tard.
Dans cette obscurité l’on peut mettre au hasard
La main sur de la honte ou bien sur de la gloire ;
Étends le bras le long de la muraille noire ;
L’inattendu dans l’ombre ici peut se cacher ;
Tu parviendras peut-être à trouver, à toucher,
A saisir une épée entre tes poings funèbres,
Dans le tâtonnement farouche des ténèbres !

Hauteville-House, novembre 1867.

Un mois ne s’était pas écoulé depuis la publication de ce poëme, que dix-sept traductions en avaient déjà paru, dont quelques-unes en vers. Le déchaînement de la presse cléricale augmenta le retentissement.

Garibaldi répondit à Victor Hugo par un poëme en vers français, noble remerciement d’une grande âme.

La publication du poëme de Victor Hugo donna lieu à un incident. En ce moment-là (novembre 1867), on jouait Hernani au Théâtre-Français, et l’on allait jouer Ruy Blas à l’Odéon. Les représentations d’Hernani furent arrêtées, et Victor Hugo reçut à Guernesey la lettre suivante :

« Le directeur du Théâtre impérial de l’Odéon a l’honneur d’informer M. Victor Hugo que la reprise de Ruy Blas est interdite.

« Chilly. »

Victor Hugo répondit :

« À M. Louis Bonaparte, aux Tuileries.

« Monsieur, je vous accuse réception de la lettre signée Chilly.

« Victor Hugo. »