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II

GUSTAVE FLOURENS

En présence de certains faits, un cri d’indignation échappe.

M. Gustave Flourens est un jeune écrivain de talent. Fils d’un père dévoué à la science, il est dévoué au progrès. Quand l’insurrection de Crète a éclaté, il est allé en Crète. La nature l’avait fait penseur, la liberté l’a fait soldat. Il a épousé la cause crétoise, il a lutté pour la réunion de la Crète à la Grèce ; il a finalement adopté cette Candie héroïque ; il a saigné et souffert sur cette terre infortunée, il y a eu chaud et froid, faim et soif ; il a guerroyé, ce parisien, dans les monts Blancs de Sphakia, il a subi les durs étés et les rudes hivers, il a connu les sombres champs de bataille, et plus d’une fois, après le combat, il a dormi dans la neige à côté de ceux qui dormaient dans la mort. Il a donné son sang, il a donné son argent. Détail touchant, il lui est arrivé de prêter trois cents francs à ce gouvernement de Crète, dédaigné, on le comprend, des gouvernements qui s’endettent de treize milliards[1]. Après des années d’un opiniâtre dévouement, ce français a été fait crétois. L’assemblée nationale candiote s’est adjoint

  1. C’était à cette époque la dette de la France sous l’empire. Depuis, Sedan et ses suites ont accru cette dette de dix milliards. Grâce à l’aventure finale de l’empire, la France doit dix milliards de plus ; il est vrai qu’elle a deux provinces de moins.