M. Gustave Flourens ; elle l’a envoyé en Grèce faire acte de fraternité, et l’a chargé d’introduire les députés crétois au parlement hellénique. À Athènes, M. Gustave Flourens a voulu voir Georges de Danemark, qui est roi de Grèce, à ce qu’il paraît. M. Gustave Flourens a été arrêté.
Français, il avait un droit ; crétois, il avait un devoir. Devoir et droit ont été méconnus. Le gouvernement grec et le gouvernement français, deux complices, l’ont embarqué sur un paquebot de passage, et il a été apporté de force à Marseille. Là, il était difficile de ne pas le laisser libre ; on a dû le lâcher. Mis en liberté, M. Gustave Flourens est immédiatement reparti pour la Grèce. Moins de huit jours après avoir été expulsé d’Athènes, il y rentrait. C’était son devoir. M. Gustave Flourens a accepté une mission sacrée, il est le député d’un peuple qui expire, il est porteur d’un cri d’agonie, il est dépositaire du plus auguste des fidéicommis, du droit d’une nation ; ce fidéicommis, il veut y faire honneur ; cette mission, il veut la remplir. De là son obstination intrépide. Or, sous de certains règnes, qui fait son devoir, fait un crime. À cette heure, M. Gustave Flourens est hors la loi. Le gouvernement grec le traque, le gouvernement français le livre, et voici ce que ce lutteur stoïque m’écrit d’Athènes, où il est caché : Si je suis pris, je m’attends au poison dans quelque cachot.
Dans une autre lettre, qu’on nous écrit de Grèce, nous lisons : Gustave Flourens est abandonné.
Non, il n’est pas abandonné. Que les gouvernements le sachent, ceux qui se croient forts comme la Russie, et ceux qui se sentent faibles comme la Grèce, ceux qui torturent la Pologne, comme ceux qui trahissent la Crète, qu’ils le sachent, et qu’ils y songent, la France est une immense force inconnue. La France n’est pas un empire, la France n’est pas une armée, la France n’est pas une circonscription géographique, la France n’est pas même une masse de trente-huit millions d’hommes plus ou moins distraits du droit par la fatigue ; la France est une âme. Où est-elle ? Partout. Peut-être même en ce moment est-elle plutôt ailleurs qu’en France. Il arrive quelquefois à une patrie d’être exilée. Une nation comme la France est un principe, et son vrai territoire c’est le droit. C’est là