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GUSTAVE FLOURENS.

qu’elle se réfugie, laissant la terre, devenue glèbe, au joug, et le domaine matériel à l’oppression matérielle. Non, la Crète, qu’on met hors les nations, n’est pas abandonnée. Non, son député et son soldat, Gustave Flourens, qu’on met hors la loi, n’est pas abandonné. La vérité, cette grande menace, est là, et veille. Les gouvernements dorment ou font semblant, mais il y a quelque part des yeux ouverts. Ces yeux voient et jugent. Ces yeux fixes sont redoutables. Une prunelle où est la lumière est une attaque continue à tout ce qui est faux, inique et nocturne. Sait-on pourquoi les césars, les sultans, les vieux rois, les vieux codes et les vieux dogmes se sont écroulés ? C’est parce qu’ils avaient sur eux cette lumière. Sait-on pourquoi Napoléon est tombé ? C’est parce que la justice, debout dans l’ombre, le regardait.

Victor Hugo.
Hauteville-House, 9 juillet 1868.

Trois semaines après la publication de cette lettre, Victor Hugo reçut le billet que voici :

Naples, 25 juillet 1868.
« Maître,

« Grâce à vous je suis hors de prison et de danger. Les gouvernements ont été forcés, par la conscience publique, de lâcher l’homme réclamé par Victor Hugo. Barbès vous a dû la vie ; je vous dois la liberté.

« Gustave Flourens. »