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V

LA CRISE D’OCTOBRE 1869

L’empire déclinait. On distinguait clairement dans tous ses actes les symptômes qui annoncent les choses finissantes. En octobre 1869, Louis Bonaparte viola sa propre constitution. Il devait convoquer le 29 ce qu’il appelait ses chambres. Il ne le fit pas. Le peuple eut la bonté de s’irriter pour si peu. Il y eut menace d’émeute. On supposa que Victor Hugo était pour quelque chose dans cette colère, et l’on parut croire un moment que la situation dépendait de deux hommes, l’un, empereur, qui violait la constitution, l’autre, proscrit, qui excitait le peuple.

M. Louis Jourdan publia, le 12 octobre, dans le Siècle un article dont le retentissement fut considérable et qui commençait par ces lignes :

« En ce moment, deux hommes placés aux pôles extrêmes du monde politique encourent la plus lourde responsabilité que puisse porter une conscience humaine. L’un d’eux est assis sur le trône, c’est Napoléon III ; l’autre, c’est Victor Hugo. »

Victor Hugo, mis de la sorte en demeure, écrivit à M. Louis Jourdan :

Bruxelles, 12 octobre 1869.
Mon cher et ancien ami,

On m’apporte le Siècle. Je lis votre article qui me touche, m’honore et m’étonne.

Puisque vous me donnez la parole, je la prends.