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Page:Hugo - Actes et paroles - volume 4.djvu/194

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PENDANT L’EXIL. — 1869.

rien, que le point de départ. Il ne lui revient que l’humble honneur d’avoir commencé.

Grâce à la presse, la propagande se fait en tout pays ; partout se multiplient d’autres efforts, meilleurs que les miens ; partout l’institution d’assistance aux enfants se greffe avec succès. J’ai à remercier de leur chaude adhésion plusieurs loges de la franc-maçonnerie, et cette utile société des instituteurs de la Suisse romande qui a pour devise : Dieu, Humanité, Patrie. De toutes parts, je reçois des lettres qui m’annoncent les essais tentés. Deux de ces lettres m’ont particulièrement ému ; l’une vient d’Haïti, l’autre de Cuba.

Permettez-moi, puisque l’occasion s’en présente, d’envoyer une parole de sympathie à ces nobles terres qui, toutes deux, ont poussé un cri de liberté. Cuba se délivrera de l’Espagne comme Haïti s’est délivré de la France. Haïti, dès 1792, en affranchissant les noirs, a fait triompher ce principe qu’un homme n’a pas le droit de posséder un autre homme. Cuba fera triompher cet autre principe, non moins grand, qu’un peuple n’a pas le droit de posséder un autre peuple.

Je reviens à nos enfants. C’est faire aussi un acte de délivrance que d’assister l’enfance. Dans l’assainissement et dans l’éducation, il y a de la libération. Fortifions ce pauvre petit corps souffrant ; développons cette douce intelligence naissante ; que faisons-nous ? Nous affranchissons de la maladie le corps et de l’ignorance l’esprit. L’idée du Dîner des Enfants pauvres a été partout bien accueillie. L’accord s’est fait tout de suite sur cette institution de fraternité. Pourquoi ? c’est qu’elle est conforme, pour les chrétiens, à l’esprit de l’évangile, et, pour les démocrates, à l’esprit de la révolution.

En attendant mieux. Car secourir les pauvres par l’assistance, ce n’est qu’un palliatif. Le vrai secours aux misérables, c’est l’abolition de la misère.

Nous y arriverons.

Aidons le progrès par l’assistance à l’enfance. Assistons l’enfant par tous les moyens, par la bonne nourriture et par le bon enseignement. L’assistance à l’enfance doit être, dans nos temps troublés, une de nos principales préoccu-