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1865

LA PEINE DE MORT

Ce qui suit est extrait du Courrier de l’Europe :

« Les symptômes précurseurs de l’abolition de la peine de mort se prononcent de plus en plus, et de tous les côtés à la fois. Les exécutions elle-mêmes, en se multipliant, hâtent la suppression de l’échafaud par le soulèvement de la conscience publique. Tout récemment, M. Victor Hugo a reçu, dans la même semaine, à quelques jours d’intervalle, deux lettres relatives à la peine de mort, venant l’une d’Italie, l’autre d’Angleterre. La première, écrite à Victor Hugo par le comité central italien, était signée « comte Ferdinand Trivulzio, docteur Georges de Giulini, avocat Jean Capretti, docteur Albert Sarola, docteur Joseph Mussi, conseiller provincial, docteur Frédéric Bonola. » Cette lettre, datée de Milan, 1er février, annonçait à Victor Hugo la convocation d’un grand meeting populaire à Milan, pour l’abrogation de la peine capitale, et priait l’exilé de Guernesey d’envoyer, par télégramme, immédiatement, au peuple de Milan assemblé ; quelques paroles « destinées, nous citons la lettre, à produire une commotion électrique dans toute l’Italie ». Le comité ignorait qu’il n’y a malheureusement point de fil télégraphique à Guernesey. La deuxième lettre, envoyée de Londres, émanée d’un philanthrope anglais distingué, M. Lilly, contenait le détail du procès d’un italien nommé Polioni, condamné au gibet pour un coup de couteau donné dans une rixe de cabaret, et priait Victor Hugo d’intervenir pour empêcher l’exécution de cet homme.

M. Victor Hugo a répondu au message venu d’Italie la lettre qu’on va lire :

À MM. LES MEMBRES DU COMITÉ CENTRAL ITALIEN
POUR L’ABOLITION DE LA PEINE DE MORT
Hauteville-House, samedi 4 février 1865.

Messieurs, — Il n’y a point de télégraphe électrique à Guernesey. Votre lettre m’arrive aujourd’hui 4, et la poste ne repart que lundi 6.