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GENÈVE ET LA PEINE DE MORT

la création vous environnent ; la contemplation habituelle du beau révèle le vrai et impose des devoirs ; la civilisation doit être harmonie comme la nature ; prenez conseil de toutes ces clémentes merveilles, croyez-en votre ciel radieux, la bonté descend de l’azur, abolissez l’échafaud. Ne soyez pas ingrats. Qu’il ne soit pas dit qu’en remercîment et en échange, sur cet admirable coin de terre où Dieu montre à l’homme la splendeur sacrée des Alpes, l’Arve et le Rhône, le Léman bleu, le mont Blanc dans une auréole de soleil, l’homme montre à Dieu la guillotine !


Si rapide qu’eut été la réponse de Victor Hugo, la délibération du comité constituant fut plus hâtive encore, et, quand la lettre arriva, le travail était terminé. Le projet de constitution maintenait la peine de mort. Victor Hugo ne se découragea pas. Le peuple n’ayant pas encore voté, tout n’était pas fini. Victor Hugo écrivit à M. Bost :


Hauteville-House, 29 novembre 1862.
Monsieur,

La lettre que j’ai eu l’honneur de vous envoyer le 17 novembre vous est parvenue, je pense, le 19 ou le 20. Le lendemain même du jour où je dictais cette lettre, a éclaté, devant la cour d’assises de la Somme, cette affaire Doise-Gardin qui non seulement a tout à coup mis en lumière certaines éventualités épouvantables de la peine de mort, mais encore a rendu palpable l’urgence d’une grande révision pénale ; les faits monstrueux ont une manière à eux de démontrer la nécessité des réformes.

Aujourd’hui, 29 novembre, je lis dans la Presse ces lignes datées du 24, et de Berne :

« Vous avez reproduit la lettre adressée par M. Victor Hugo à M. Bost, de Genève, au sujet de la peine de mort. La publication de cette lettre est venue un peu tard ; depuis quinze jours la constituante genevoise a terminé