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PARIS ET ROME.

de l’éducation, saisir l’enfant, lui remanier l’esprit, lui repétrir le cerveau, tel est le procédé ; il est redoutable. Toutes les religions ont ce but : prendre de force l’âme humaine.

C’est à cette tentative de viol que la France est livrée aujourd’hui.

Essai de fécondation qui est une souillure. Faire à la France un faux avenir ; quoi de plus terrible ?

L’intelligence nationale en péril, telle est la situation actuelle.

L’enseignement des mosquées, des synagogues et des presbytères, est le même ; il a l’identité de l’affirmation dans la chimère ; il substitue le dogme, cet empirique, à la conscience, cet avertisseur. Il fausse la notion divine innée ; la candeur de la jeunesse est sans défense, il verse dans cette candeur l’imposture, et, si on le laisse faire, il en arrive à ce résultat de créer chez l’enfant une épouvantable bonne foi dans l’erreur.

Nous le répétons, le prêtre est ou peut être convaincu et sincère. Doit-on le blâmer ? non. Doit-on le combattre ? oui.

Discutons, soit.

Il y a une éducation à faire, le clergé le croit du moins, l’éducation de la civilisation ; le clergé nous la demande. Il veut qu’on lui confie cet élève, le peuple français. La chose vaut la peine d’être examinée.

Le prêtre, comme maître d’école, travaille dans beaucoup de pays. Quelle éducation donne-t-il ? Quels résultats obtient-il ? Quels sont ses produits ? là est toute la question.

Celui qui écrit ces lignes a dans l’esprit deux souvenirs ; qu’on lui permette de les comparer, il en sortira peut-être quelque lumière. Dans tous les cas, il n’est jamais inutile d’écrire l’histoire.