II
DEUXIÈME DISCOURS POUR L’AMNISTIE
Je ne veux dire qu’un mot.
J’ai souvent parlé de l’amnistie, et mes paroles ne sont peut-être pas complètement effacées de vos esprits ; je ne les répéterai point.
Je vous laisse vous redire à vous-mêmes ce qui a été dit, dans tous les temps, contre l’amnistie et pour l’amnistie, dans les deux ordres de faits, dans l’ordre politique et dans l’ordre moral. — Dans l’ordre politique, toujours les mêmes crimes reprochés par un côté à l’autre côté ; toujours, à toutes les époques, quels que soient les accusés, quels que soient les juges, les mêmes condamnations, sur lesquelles on entrevoit au fond de l’ombre ce mot tranquille et sinistre : les vainqueurs jugent les vaincus. — Dans l’ordre moral, toujours le même gémissement, toujours la même invocation, toujours les mêmes éloquences,