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DEPUIS L’EXIL.

qu’il monta à la tribune, ce fut pour soutenir la cause qui lui était chère entre toutes, celle du pardon et de l’oubli.

À travers d’apparentes hésitations, il ne faut voir que le travail de l’esprit en quête des formules définitives de sa foi. Victor Hugo a constamment poursuivi un idéal supérieur de justice et d’humanité. Donner la liberté et la lumière à tous, prêcher la fraternité pour les déshérités et les faibles, revendiquer l’autorité du droit contre la force, tel fut le labeur de ce noble cœur, de cette grande intelligence. Son action fut immense sur le moral de la France. Il dévoila et détruisit les sophismes du crime couronné, releva les cœurs affolés et rendit aux honnêtes gens dévoyés la notion de la loi morale un instant méconnue. Sous son souffle inspiré, les âmes renaissaient à l’espérance : par deux fois, après le 2 décembre, après 1871, il réveilla la conscience de la patrie.

Gloire à ce puissant génie, dont le patriotisme et l’amour du bien illuminent toutes les œuvres ! Gloire à celui que nous saluons tous d’une égale reconnaissance et d’une égale admiration ! Gloire à Victor Hugo le Grand !


DISCOURS DE M. FLOQUET
président de la chambre des députés

Quelles paroles pourraient égaler la grandeur du spectacle auquel nous assistons et que l’histoire enregistrera !

Sous cette voûte toute constellée des noms légendaires de tant de héros qui firent la France libre et la voulurent glorieuse, apparaît la dépouille mortelle, je me trompe, l’image toujours sereine du grand homme qui a si longtemps chanté pour la gloire de notre patrie, combattu pour sa liberté !

Autour de nous les maîtres de tous les arts et de toutes les sciences, les représentants du peuple français, les délégués de nos départements, de nos communes, les ambassadeurs volontaires et les missionnaires spontanés de l’univers civilisé s’inclinent pieusement devant celui qui fut un souverain de la pensée, un proscrit pour le droit vaincu et la république trahie, un protecteur persévérant de toute faiblesse contre toute oppression, le défenseur en titre de l’humanité dans notre siècle.

Au nom de la nation nous le saluons aujourd’hui non plus dans l’humble attitude du deuil, mais dans la fierté de la glorification.