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LES FUNÉRAILLES.

que portait le maître aux pigeons messagers, depuis le siège de Paris.

Les abords du Palais législatif et le boulevard Saint-Germain continuent les entassements humains jusque sur les toits, sur les cheminées. Tous les édifices publics et le plus grand nombre des maisons sont pavoisés de décorations funèbres, de drapeaux mis en berne ou cravatés d’un crêpe.

Devant l’église Saint-Germain-des-Prés jusqu’au boulevard Saint-Michel, l’affluence est telle qu’elle a débordé sur la chaussée. Avant l’arrivée du cortège, la garde républicaine à cheval refoule lentement cette masse devant elle.

Elle est tumultueuse, cette foule ; elle applaudit au passage les groupes, les journaux, les personnalités qui lui sont sympathiques : le général Saussier, l’école polytechnique, les bataillons scolaires, les étudiants, les proscrits, les alsaciens-lorrains… Mais, quand le corbillard passe, tout se tait, les fronts se découvrent, il se fait un religieux silence, que rompt seulement le cri incrédule à la mort : Vive Victor Hugo !

À deux heures moins vingt minutes, la tête du cortège arrive devant le Panthéon tendu de noir. La troupe s’est rangée sur la droite du monument ; les bataillons scolaires et les députations des écoles gardent la gauche.

Les corps constitués ont pris place sur les degrés.


Au Panthéon.

À deux heures, le corbillard arrive à la grille du Panthéon.

Le cercueil est descendu et déposé au pied d’un grand catafalque dressé sous le porche.

Là, de nouveaux orateurs prennent la parole. Ceux de l’Arc de Triomphe avaient embrassé dans leur ensemble l’œuvre et l’action du poète. Ceux du Panthéon le prennent sous chacun de ses aspects et détaillent, pour ainsi dire, sa gloire.

Le sénateur Oudet parle au nom de Besançon, à qui nulle autre ville ne peut disputer l’honneur d’avoir vu naître notre Homère ; Henri de Bornier, au nom des auteurs dramatiques, s’émeut des grands drames, Hernani, Ruy Blas, les Burgraves ; Jules Claretie, pour les gens de lettres, énumère les combats et les victoires du