Page:Hugo - L'Année terrible, 1872.djvu/270

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Toujours il reverra ce spectre insubmersible.

                          *

De l’arc tendu là-haut nous sommes tous la cible ;
Sa flèche tour à tour nous vise ; le vainqueur
L’a dans l’esprit avant de l’avoir dans le cœur ;
Il craint l’événement dont il est le ministre ;
Il sent dans le lointain sourdre une heure sinistre ;
Il sent que lui non plus, même en hâtant le pas,
A sa propre victoire il n’échappera pas.
Un jour, à son tour, pris par le piège des choses,
Tremblant du résultat dont il construit les causes,
Il fuira, demandant un asile, un appui,
Un abri. « Non ! diront ses amis d’aujourd’hui,
Non ! Va-t’en ! — C’est pourquoi je tiens ma porte ouverte. »

                           *

Le penseur en songeant fait une découverte :
Personne n’est coupable.

Un si noir dénoûment
Laisse au fond de son gouffre entrevoir l’élément.
Le futur siècle gronde et s’enfle en d’âpres cuves
Comme la lave écume aux bouches des vésuves.