Page:Hugo - L'Année terrible, 1872.djvu/282

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On sauve, en supprimant quiconque est ennemi,
A grands coups de canon, et de compte à demi,
L’ordre et la monarchie encor presque inédite ;
Tu refuses d’entrer dans cette commandite !
C’est absurde. On s’indigne, on a raison. D’ailleurs
Jeunes, vieux, grands, petits, les pires, les meilleurs,
Ont tous la même loi, se rendre à l’évidence.
Toujours un peu de droit dans le fait se condense ;
Le mal contient un peu de bien, qu’il faut chercher.
Si Torquemada règne, on se chauffe au bûcher.
La Politique est l’art de faire avec la fange,
Le fiel, l’abaissement qu’en modestie on change,
La bassesse des grands, l’insolence des nains,
Les fautes, les erreurs, les crimes, les venins,
Le oui, le non, le blanc, le noir, Genève et Rome,
Un breuvage que puisse avaler l’honnête homme.
Les principes n’ont pas grand’chose à faire là.
Ils rayonnent ; c’est bien ; Morus les contempla ;
Saluons-les ; tout astre a droit à ce péage ;
Et couvrons-les parfois de quelque bon nuage.
Ils sont là-haut, pourquoi s’en servir ici-bas ?
Laissons-les dans leur sphère ; et nous, pour nos débats
Où se dépense en vain tant de force avortée,
Prenons une clarté mieux à notre portée :
L’expédient. Turgot a tort ; vive Terray !
Je cherche le réel, toi tu cherches le vrai.
On vit par le réel, par le vrai l’on se brise ;
Le réel craint le vrai. Reconnais ta méprise.