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Page:Hugo - L'Année terrible, 1872.djvu/283

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Le devoir, c’est l’emploi des faits. Tu l’as mal lu.
Au lieu du relatif, tu choisis l’absolu.
Un homme qui, voulant y voir clair pour descendre
Dans la cave, ou fouiller dans quelque tas de cendre,
Ou pour trouver, la nuit, dans les bois, son chemin,
Enfoncerait au fond du ciel sombre sa main,
Et prendrait une étoile en guise de chandelle,
C’est toi.

LA VOIX HAUTE

N’écoute pas. Reste une âme fidèle.
Un cœur, pas plus qu’un ciel, ne peut être obscurci.
Je suis la conscience, une vierge ; et ceci
C’est la raison d’État, une fille publique.
Elle embrouille le vrai par le faux qu’elle explique.
Elle est la sœur bâtarde et louche du bon sens.
J’admets que la clarté basse ait des partisans ;
Qu’on la trouve excellente et qu’elle soit utile
Pour éviter un choc, parer un projectile,
Marcher à peu près droit dans les carrefours noirs,
Et pour s’orienter dans les petits devoirs ;
Les publicains en font leur lampe en leurs échoppes
Elle a pour elle, et c’est tout simple, les myopes,
Les habiles, les fins, les prudents, les discrets,
Ceux qui ne peuvent voir les choses que de près,
Ceux qui d’une araignée examinent les toiles ;