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Page:Hugo - L'Année terrible, 1872.djvu/306

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Si Caton souffle un mot, qu’à la barre on le cite.
Et qu’on traîne devant monsieur Gaveau, Tacite !
Il s’agit du passé qu’on veut galvaniser ;
Il faut tant diffamer, insulter, dénoncer,
Mentir, calomnier, baver, hurler et mordre,
Que le bon goût renaisse à côté du bon ordre !

                            *

Et quel rire ! ô ciel noir ! railler la France en deuil !
Ils lui font de la honte avec son vieil orgueil.
Ils l’accusent d’avoir mis en liberté l’homme,
D’avoir fait Sparte avec les débris de Sodome,
D’avoir au front du peuple essuyé la sueur,
D’être le grand orage et la grande lueur,
D’être sur l’horizon la haute silhouette,
De s’être réveillée au cri de l’alouette
Et d’avoir réparti la tâche aux travailleurs ;
De dire à qui voit Dieu dans Rome : il est ailleurs ;
De confronter le dogme avec la conscience ;
D’avoir on ne sait quelle auguste impatience ;
D’épier la blancheur que sur nos horizons
Doivent faire en s’ouvrant les portes des prisons ;
De nous avoir crié : Marchez ! quand nous agîmes
Contre tous les vieux jougs et tous les vieux régimes,
Et de tenir là-haut la balance, et d’avoir
Dans un plateau le droit, dans l’autre le devoir.