Page:Hugo - L'Année terrible, 1872.djvu/317

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Les rois viennent frapper sur toi. Comme le fer
Battu des marteaux jette aux cyclopes l’éclair,
Tu réponds à leurs coups en les couvrant d’étoiles.

O destin ! déchirure admirable des toiles
Que tisse l’araignée et des pièges que tend
La noirceur sépulcrale au matin éclatant !
Ah ! le piège est abject, la toile est misérable,
Et rien n’arrêtera l’avenir vénérable.

                          III

Ville, ton sort est beau ! ta passion te met,
Ville, au milieu du genre humain, sur un sommet.
Personne ne pourra t’approcher sans entendre
Sortir de ton supplice auguste une voix tendre,
Car tu souffres pour tous et tu saignes pour tous.
Les peuples devant toi feront cercle à genoux.
Le nimbe de l’Etna ne craignait pas Eole,
Et nul vent n’éteindra ta farouche auréole ;
Car ta lumière illustre et terrible, brûlant
Tout ce qui n’est pas vie, honneur, travail, talent,
Devoir, droit, guérison, baume, parfum, dictame,
Est pour l’avenir pourpre et pour le passé flamme ;
Car dans ta clarté, triste et pure, braise et fleur,
L’immense amour se mêle à l’immense douleur.
Grâce à toi, l’homme croit, le progrès naît viable.