Page:Hugo - L'Art d'être grand-père, 1877.djvu/153

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Ainsi ce tas d’enfants est un tas de forfaits !
Oiseau qui fais ton nid, c’est le mal que tu fais.
Ainsi l’ombre sourit d’une façon maligne
Sur la douce couvée. Ainsi le bon Dieu cligne
Des yeux avec le diable et dit : Prends-moi cela !
Et c’est mon crime, ô ciel, l’innocent que voilà !
Ainsi ce tourbillon de lumière et de joie,
L’enfance, ainsi l’essaim d’âmes que nous envoie
L’amour mystérieux qu’avril épanouit,
Ces constellations d’anges dans notre nuit,
Ainsi la bouche rose, ainsi la tête blonde,
Ainsi cette prunelle aussi claire que l’onde,
Ainsi ces petits pieds courant dans le gazon,
Cette cohue aimable emplissant l’horizon
Et dont le grand soleil qui rit semble être l’hôte,
C’est le fourmillement monstrueux de la faute !
Péché ! Péché ! Le mal est dans les nouveau-nés.
Oh ! quel sinistre affront ! Prêtres infortunés !

Au milieu de la vaste aurore ils sont funèbres ;
Derrière eux vient la chute informe des ténèbres.
Dans les plis de leur dogme ils ont la sombre nuit.
Le couple a tort, le fruit est vil, le germe nuit.
De l’enfant qui la souille une mère est suivie.
Ils sont les justiciers de ce crime, la vie.
Malheur ! pas un hymen, non, pas même le leur,
Pas même leur autel n’est pur. Malheur ! malheur !