Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 1.djvu/360

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans le carrefour, pas un penny dans la caisse ! Mange, boy de l’enfer ! tords et croque ! nous sommes dans un temps où rien n’égale le cynisme des pique-assiettes. Engraisse à mes dépens, parasite. Il est mieux qu’affamé, il est enragé, cet être-là. Ce n’est pas de l’appétit, c’est de la férocité. Il est surmené par un virus rabique. Qui sait ? il a peut-être la peste. As-tu la peste, brigand ? S’il allait la donner à Homo ! Ah mais, non ! crevez, populace, mais je ne veux pas que mon loup meure. Ah çà, j’ai faim moi aussi. Je déclare que ceci est un incident désagréable. J’ai travaillé aujourd’hui très avant dans la nuit. Il y a des fois dans la vie qu’on est pressé. Je l’étais ce soir de manger. Je suis tout seul, je fais du feu, je n’ai qu’une pomme de terre, une croûte de pain, une bouchée de lard et une goutte de lait, je mets ça à chauffer, je me dis : bon ! je m’imagine que je vais me repaître. Patatras ! il faut que ce crocodile me tombe dans ce moment-là. Il s’installe carrément entre ma nourriture et moi. Voilà mon réfectoire dévasté. Mange, brochet, mange, requin, combien as-tu de rangs de dents dans la gargamelle ? bâfre, louveteau. Non,