Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 1.djvu/361

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

je retire le mot, respect aux loups. Engloutis ma pâture, boa ! J’ai travaillé aujourd’hui, l’estomac vide, le gosier plaintif, le pancréas en détresse, les entrailles délabrées, très avant dans la nuit ; ma récompense est de voir manger un autre. C’est égal, part à deux. Il aura le pain, la pomme de terre et le lard, mais j’aurai le lait.

En ce moment un cri lamentable et prolongé s’éleva dans la cahute. L’homme dressa l’oreille.

— Tu cries maintenant, sycophante ! Pourquoi cries-tu ?

Le garçon se retourna. Il était évident qu’il ne criait pas. Il avait la bouche pleine.

Le cri ne s’interrompait pas.

L’homme alla au coffre.

— C’est donc le paquet qui gueule ! Vallée de Josaphat ! Voilà le paquet qui vocifère ! Qu’est-ce qu’il a à croasser, ton paquet ?

Il déroula le suroit. Une tête d’enfant en sortit, la bouche ouverte et criant.

— Eh bien, qui va là ? dit l’homme. Qu’est-ce que c’est ? Il y en a un autre. Ça ne va donc pas finir ? Qui vive ? aux armes ! Caporal, hors la garde ! Deuxième patatras ! Qu’est-ce que tu