Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 1.djvu/80

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C’était, nous l’avons dit, une affiliation. Elle avait ses lois, son serment, ses formules. Elle avait presque sa cabale. Qui voudrait en savoir long aujourd’hui sur les comprachicos n’aurait qu’à aller en Biscaye et en Galice. Comme il y avait beaucoup de basques parmi eux, c’est dans ces montagnes-là qu’est leur légende. On parle encore à l’heure qu’il est des comprachicos Oyarzun, à Urbistondo, à Leso, à Astigarraga. Aguarda te, niño, que voy a llamar al comprachicos ![1] est dans ce pays-là le cri d’intimidation des mères aux enfants.

Les comprachicos, comme les tchiganes et les gypsies, se donnaient des rendez-vous ; de temps en temps, les chefs échangeaient des colloques. Ils avaient, au dix-septième siècle, quatre principaux points de rencontre. Un en Espagne : le défilé de Pancorbo ; un en Allemagne : la clairière dite la Mauvaise Femme, près Diekirsch, où il y a deux bas-reliefs énigmatiques représentant une femme qui a une tête et un homme qui n’en a pas ; un en France : le tertre où était la

  1. Prends garde, je vais appeler le comprachicos.