Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 2.djvu/101

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quatre cents voiles sous l’amiral Showell. L’Angleterre venait de s’amalgamer l’Écosse. On était entre Hochstet et Ramillies, et l’une de ces victoires faisait entrevoir l’autre. L’Angleterre, dans ce coup de filet de Hochstet, avait fait prisonniers vingt-sept bataillons et quatre régiments de dragons, et ôté cent lieues de pays à la France, reculant éperdue du Danube au Rhin. L’Angleterre étendait la main vers la Sardaigne et les Baléares. Elle ramenait triomphalement dans ses ports dix vaisseaux de ligne espagnols et force galions chargés d’or. La baie et le détroit d’Hudson étaient déjà à demi lâchés par Louis XIV ; on sentait qu’il allait lâcher aussi l’Acadie, Saint-Christophe et Terre-Neuve, et qu’il serait trop heureux si l’Angleterre tolérait au cap Breton le roi de France, pêchant la morue. L’Angleterre allait lui imposer cette honte de démolir lui-même les fortifications de Dunkerque. En attendant elle avait pris Gibraltar et elle prenait Barcelone. Que de grandes choses accomplies ! Comment ne pas admirer la reine Anne qui se donnait la peine de vivre pendant ce temps-là ?

À un certain point de vue, le règne d’Anne