Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 2.djvu/141

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nullement surprenante. De là des incidents. La Ferté, tirant brusquement les rideaux du lit de mademoiselle Lafont, y trouvait Sainson, mousquetaire noir, etc., etc.

Barkilphedro excellait à faire de ces découvertes sournoises qui subordonnent et soumettent les grands aux petits. Sa marche dans l’ombre était tortueuse, douce et savante. Comme tout espion parfait, il était composé d’une inclémence de bourreau et d’une patience de micrographe. Il était courtisan né. Tout courtisan est un noctambule. Le courtisan rôde dans cette nuit qu’on appelle la toute-puissance. Il a une lanterne sourde à la main. Il éclaire le point qu’il veut, et reste ténébreux. Ce qu’il cherche avec cette lanterne, ce n’est pas un homme ; c’est une bête. Ce qu’il trouve, c’est le roi.

Les rois n’aiment pas qu’on prétende être grand autour d’eux. L’ironie à qui n’est pas eux les charme. Le talent de Barkilphedro consistait en un rapetissement perpétuel des lords et des princes, au profit de la majesté royale, grandie d’autant.

La clef intime qu’avait Barkilphedro était faite, ayant deux jeux, un à chaque extrémité, de façon