Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 2.djvu/158

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ment et de la nourriture, vous vous imaginez que nous vous sommes redevables, et vous comptez sur de la reconnaissance ! Eh bien ! nous vous mangerons le ventre ! Eh bien ! nous vous détripaillerons, belle madame, et nous vous dévorerons toute en vie, et nous vous couperons les attaches du cœur avec nos dents !

Cette Josiane ! n’était-ce pas monstrueux ? quel mérite avait-elle ? Elle avait fait ce chef-d’œuvre de venir au monde en témoignage de la bêtise de son père et de la honte de sa mère, elle nous faisait la grâce d’exister, et cette complaisance qu’elle avait d’être un scandale public, on la lui payait des millions, elle avait des terres et des châteaux, des garennes, des chasses, des lacs, des forêts, est-ce que je sais, moi ? et avec cela elle faisait sa sotte ! et on lui adressait des vers ! et lui, Barkilphedro, qui avait étudié et travaillé, qui s’était donné de la peine, qui s’était fourré de gros livres dans les yeux et dans la cervelle, qui avait pourri dans les bouquins et dans la science, qui avait énormément d’esprit, qui commanderait très bien des armées, qui écrirait des tragédies comme Otway et Dryden, s’il voulait, lui qui était