Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 2.djvu/183

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Helmsgail, l’écossais, était un petit d’à peine dix-neuf ans, mais il avait déjà le front recousu ; c’est pourquoi on tenait pour lui deux et un tiers. Le mois précédent il avait enfoncé une côte et crevé les deux yeux au boxeur Sixmileswater ; ce qui expliquait l’enthousiasme. Il y avait eu pour ses parieurs gain de douze mille livres sterling. Outre son front recousu, Helmsgail avait la mâchoire ébréchée. Il était leste et alerte. Il était haut comme une femme petite, ramassé, trapu, d’une stature basse et menaçante, et rien n’avait été perdu de la pâte dont il avait été fait ; pas un muscle qui n’allât au but, le pugilat. Il y avait de la concision dans son torse ferme, luisant et brun comme l’airain. Il souriait, et trois dents qu’il avait de moins s’ajoutaient à son sourire.

Son adversaire était vaste et large, c’est-à-dire faible.

C’était un homme de quarante ans. Il avait six pieds de haut, un poitrail d’hippopotame, et l’air doux. Son coup de poing fendait le pont d’un navire, mais il ne savait pas le donner. L’irlandais Phelem-ghe-madone était surtout une surface et semblait être dans les boxes plutôt pour recevoir