Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 2.djvu/206

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rus au toucher. Ce hérissement fauve, plutôt crinière que chevelure, couvrait et cachait un profond crâne fait pour contenir de la pensée. L’opération quelconque, qui avait ôté l’harmonie au visage et mis toute cette chair en désordre, n’avait pas eu prise sur la boîte osseuse. L’angle facial de Gwynplaine était puissant et surprenant. Derrière ce rire il y avait une âme, faisant, comme nous tous, un songe.

Du reste, ce rire était pour Gwynplaine tout un talent. Il n’y pouvait rien, et il en tirait parti. Au moyen de ce rire, il gagnait sa vie.

Gwynplaine — on l’a sans doute déjà reconnu — était cet enfant abandonné un soir d’hiver sur la côte de Portland, et recueilli dans une pauvre cahute roulante à Weymouth.