Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 2.djvu/223

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avait été en âge de comprendre, lui avait lu et expliqué le texte du docteur Conquest de Denasatis, et, dans un autre in-folio, Hugo Plagon[1], le passage nares habens mutilas ; mais Ursus s’était prudemment abstenu « d’hypothèses », et s’était bien gardé de conclure quoi que ce soit. Des suppositions étaient possibles, la probabilité d’une voie de fait sur l’enfance de Gwynplaine était entrevue ; mais pour Gwynplaine il n’y avait qu’une évidence, le résultat. Sa destinée était de vivre sous un stigmate. Pourquoi ce stigmate ? pas de réponse. Silence et solitude autour de Gwynplainwe. Tout était fuyant dans les conjectures qu’on pouvait ajuster à cette réalité tragique, et, excepté le fait terrible, rien n’était certain. Dans cet accablement, Dea intervenait ; sorte d’interposition céleste entre Gwynplaine et le désespoir. Il percevait, ému et comme réchauffé, la douceur de cette fille exquise tournée vers son horreur ; l’étonnement paradisiaque attendrissait sa face draconienne ; fait pour l’effroi, il avait cette exception prodigieuse d’être

  1. Versio Gallica Will. Tyrii, lib. II, cap. xxiii.