Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 2.djvu/25

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niello ; on avait amarré le Portugal à l’Angleterre ; on avait fait, de Gibraltar à Candie, un balayage des barbaresques ; on avait fondé la domination maritime sous ces deux formes, la victoire et le commerce ; le 10 août 1653, l’homme des trente-trois batailles gagnées, le vieil amiral qui se qualifiait Grand-père des matelots, ce Martin Happertz Tromp, qui avait battu la flotte espagnole, avait été détruit par la flotte anglaise ; on avait retiré l’Atlantique à la marine espagnole, le Pacifique à la marine hollandaise, la Méditerranée à la marine vénitienne, et, par l’acte de navigation, on avait pris possession du littoral universel ; par l’océan on tenait le monde ; le pavillon hollandais saluait humblement en mer le pavillon britannique ; la France, dans la personne de l’ambassadeur Mancini, faisait des génuflexions à Olivier Cromwell ; ce Cromwell jouait de Calais et de Dunkerque comme de deux volants sur une raquette ; on avait fait trembler le continent, dicté la paix, décrété la guerre, mis sur tous les faîtes le drapeau anglais ; le seul régiment des côtes-de-fer du protecteur pesait dans la terreur de l’Europe autant qu’une armée ;