Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 2.djvu/29

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aussi le bonheur. Ces vérités sont incontestables. La société est assise dessus.

Ainsi s’étaient rétablies les saines doctrines sociales en Angleterre. Ainsi la nation s’était réhabilitée. En même temps on revenait à la belle littérature. On dédaignait Shakespeare et l’on admirait Dryden : Dryden est le plus grand poète de l’Angleterre et du siècle, disait Atterbury le traducteur d’Achitophel. C’était l’époque où M. Huet, évêque d’Avranches, écrivait à Saumaise qui avait fait à l’auteur du Paradis perdu l’honneur de le réfuter et de l’injurier : — Comment pouvez-vous vous occuper de si peu de chose que ce Milton ? Tout renaissait, tout reprenait sa place. Dryden en haut, Shakespeare en bas, Charles II sur le trône, Cromwell au gibet. L’Angleterre se relevait des hontes et des extravagances du passé. C’est un grand bonheur pour les nations d’être ramenées par la monarchie au bon ordre dans l’état et au bon goût dans les lettres.

Que de tels bienfaits pussent être méconnus, cela est difficile à croire. Tourner le dos à Charles II, récompenser par de l’ingratitude la