Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 2.djvu/293

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lier de l’échiquier. Pour y copier quelque chose, on paie quatre sous par ligne. C’est un fier livre. Sais-tu que j’ai été docteur domestique chez un lord qui s’appelait Marmaduke et qui avait neuf cent mille francs de France de rente par an ? Tire-toi de là, affreux crétin. Sais-tu que rien qu’avec les lapins des garennes du comte Lindsey on nourrirait toute la canaille des Cinq-ports ? Aussi frottez-vous-y. On y met bon ordre. Tout braconnier est pendu. Pour deux longues oreilles poilues qui passaient hors de sa gibecière, j’ai vu accrocher à la potence un père de six enfants. Telle est la seigneurie. Le lapin d’un lord est plus que l’homme du bon Dieu. Les seigneurs sont, entends-tu, maraud ? et nous devons le trouver bon. Et puis si nous le trouvons mauvais, qu’est-ce que cela leur fait ? Le peuple faisant des objections ! Plaute lui-même n’approcherait pas de ce comique. Un philosophe serait plaisant s’il conseillait à cette pauvre diablesse de multitude de se récrier contre la largeur et la lourdeur des lords. Autant faire discuter par la chenille la patte de l’éléphant. J’ai vu un jour un hippopotame marcher sur une taupinière ; il écrasait tout ; il était