Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 2.djvu/301

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les accises du vin et de la bière, sur le tonnage et le pondage, sur le cidre, le poiré, le mum, le malt et l’orge préparé, et sur le charbon de terre et cent autres semblables ! Vénérons ce qui est. Le clergé lui-même relève des lords. L’évêque de Man est le sujet du comte de Derby. Les lords ont des bêtes féroces à eux qu’ils mettent dans leurs armoiries. Comme Dieu n’en a pas fait assez, ils en inventent. Ils ont crée le sanglier héraldique qui est autant au-dessus du sanglier que le sanglier est au-dessus du porc, et que le seigneur est au-dessus du prêtre. Ils ont créé le griffon, qui est aigle aux lions et lion aux aigles, et qui fait peur aux lions par ses ailes et aux aigles par sa crinière. Ils ont la guivre, la licorne, la serpente, la salamandre, la tarasque, la drée, le dragon, l’hippogriffe. Tout cela, terreur pour nous, leur est ornement et parure. Ils ont une ménagerie qui s’appelle le blason, et où rugissent les monstres inconnus. Pas de forêt comparable pour l’inattendu des prodiges à leur orgueil. Leur vanité est pleine de fantômes qui s’y promènent comme dans une nuit sublime, armés, casqués, cuirassés, éperonnés, le bâton